dimanche 24 juillet 2011

Back to Black

Amy Winehouse (14 sept. 1983-23 juillet 2011)


LA CÉLÉBRITÉ nécessite toutes sortes d’excès. Je parle de la célébrité véritable, de la dévoration des néons, pas du crépusculaire renom des d’hommes d’État sur le déclin ou de rois sans couronne. Je parle de longs voyages dans un espace gris. Je parle du danger, du bord qui cerne un néant après l’autre, de la situation où un seul homme confère aux rêves de la république une dimension de terreur érotique. Comprenez l’homme contraint d’habiter ces régions extrêmes, monstrueuses et vulgaires, moites de souvenirs de profanations. Si demi-fou qu’il soit, il se trouve absorbé dans la folie absolue du public ; même entièrement rationnel, bureaucrate en enfer, génie secret de la survie, il ne peut qu’être détruit par le mépris du public pour les survivants. La célébrité, cette espèce particulière, se nourrit de scandale, de ce que les conseillers d’hommes inférieurs considéreraient comme de la mauvaise publicité — hystérie en limousine, bagarres au couteau dans l’assistance, litiges bizarres, trahisons, fracas et drogues. Peut-être l’unique loi naturelle régissant la célébrité véritable est-elle que l’homme célèbre se voit, à la fin, contraint de se suicider
(Est-il bien clair que j’ai été un héros de la scène rock ?)

Great Jones Street, Don DeLillo (1973)
traduit de l’américain par Marianne Véron (Actes Sud, 2011), incipit (p. 9)


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