mardi 31 mars 2020

en relief



(série « À table avec le Caravage »)

dimanche 29 mars 2020

papyrornithologie

Cocotologie se compose du mot français cocotte, « petit oiseau en papier », et du mot grec logie, de logos, « discours ». En français, la cocotte appartient au langage des enfants ; au sens propre et direct, le mot s’applique à la volaille et, par extension, à tous les oiseaux ; au sens métaphorique, il s’applique aux cocottes en papier et aux filles de joie. Ici, je devrai développer une comparaison entre les filles de joie et les cocottes, fragiles par nature les unes et les autres.


Observez la perfection avec laquelle la cocotte pose ses pieds à terre et se tient debout ; remarquez qu’elle entretient le moins de contact possible avec le sol et ne le touche que sur les trois points nécessaires pour se maintenir en équilibre stable ; dites-moi s’il ne s’agit pas là d’une nouvelle et mirifique perfection de son être, une perfection qui l’élève au-dessus de tant de plantigrades humains qui ont besoin de toucher le sol autant qu’ils le peuvent couvrir. La cocotte est un être tripode, et la cocotte parfaite, la cocotte archétype ou idéale, ne devra toucher le sol que sur trois points géométriques, trois points purs, déterminants, d’un plan rigoureux. 


Chez le mâle parfait (comme le montre la fig. 4), la pomme d’Adam forme une protubérance triangulaire dont l’extrémité se situe aux trois quarts de la ligne qui va de la pointe du pied à celle du bec. De cette pointe, une autre ligne va jusqu’à la moitié du cou. En revanche, chez la femelle parfaite (fig. 3) apparaît une gorge trapézoïdale dont l’angle libre, également situé aux trois quarts de la ligne susnommée, trace une ligne vers le sommet de la tête. On voit donc que chez le mâle, c’est le cou qui commande la pomme d’Adam, tandis que chez la femelle c’est le sommet de la tête qui commande la gorge d’Eve. Je laisse aux mystiques et aux humoristes − qui ne sont qu’un − le soin de passer au crible, ordonner, perquisitionner et réquisitionner ce symbolisme. Le sérieux notoire de la recherche scientifique ne me permet pas de me laisser distraire par cela.


Il va sans dire qu’aucun être studieux ne se contentera de méditer sur ces figures, il doit prendre un papier, le plier et faire, comme dans un séminaire ou un laboratoire de recherche scientifique, sa propre expérience, car le pire pour la science serait d’être réduite à un exercice de mémoire ou de littérature.


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Miguel de Unanumo (1864-1936), Apuntes para un tratado de cocotología

La Cocotologie. Notes pour un traité, traduit de l’espagnol par Emma H. Clouard, Ed. Self, 1946
Traité de cocotologie, trad. Sylvie Coudel, présenté par Fernando Arrabal, Ed. de Paris, 1994



mardi 24 mars 2020

Janus bifrons


Erik Dietman
(1937, Suède - 2002, France)

lundi 23 mars 2020

cAnArdAges


Un Jardin Ecosystème (FB)


Nicolas Portnoi / Paris Match


signé Didier Deux-Coins

vendredi 20 mars 2020

premiers de cordée


Glen Baxter

(Libération, jeudi 13 février 1997)

jeudi 19 mars 2020

détails


Jan Van Eyck
(vers 1390-1441)




• Retable dit « de l’Agneau mystique », Gand 

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• La Vierge au chanoine Van der Paele, Bruges


sources : 
Closer to Van Eyck: Rediscovering the Ghent Altarpiece

lundi 16 mars 2020

crise sanitaire (2)


Grégoire Solotareff

Libération, jeudi 28 mai 2015

jeudi 12 mars 2020

crise sanitaire


« Docteur Piqûre », Grégoire Solotareff

Libération, jeudi 29 novembre 1990

dimanche 1 mars 2020

des stratagèmes


« Je ne regrette pas les orgies de livres. Je me sens comme au temps de la gestation de Masse et Puissance. A l’époque déjà, tout passait par l’aventure avec les livres. Lorsque je n’avais pas d’argent, à Vienne, je dépensais en livres tout l’argent que je n’avais pas. Même à Londres, au temps des vaches maigres, je réussissais encore, de temps à autre, à acheter des livres. Je n’ai jamais appris quelque chose de façon systématique, comme d’autres gens, mais uniquement dans la fièvre soudaine de l’émotion. Le déclenchement se produisait toujours de la même manière, à savoir que mon regard tombait sur un livre, et il me le fallait. Le geste consistant à s’en saisir, le plaisir de flamber son avoir, d’emporter le livre à la maison ou dans le café le plus proche, de le contempler, le caresser, le feuilleter, le mettre de côté, de le redécouvrir le moment venu, parfois des années plus tard — tout cela fait partie d’un processus créatif dont les rouages cachés m’échappent. Mais cela ne se passe jamais autrement chez moi et il me faudra donc acheter des livres jusqu’à mon dernier souffle, en particulier lorsqu’il m’apparaîtra que je ne les lirai sans doute jamais.
« Vraisemblablement est-ce encore là une manière de défier la mort. Je ne veux pas savoir lesquels, parmi ces livres, ne seront jamais lus. Leur sort, à cet égard, demeurera incertain jusqu’à la fin. J’ai la liberté du choix : parmi tous les livres qui m’entourent je puis, à tout moment, choisir librement, et le cours même de la vie, de ce fait, repose en ma main. »
(1973)

« Quelqu’un remet à plus tard, d’année en année, ses ouvrages les plus importants. Il sait qu’il ne peut pas mourir avant de les avoir livrés mais, contre la mort, il n’est ruse qui ne lui paraisse licite. »
(1969)

Elias Canetti
Le Livre contre la mort (Das Buch gegen den Tod)
Albin Michel, 2018