mercredi 30 octobre 2019

cécité


« Nos vieux maîtres ont donc eu beau jeu pour couvrir l’arcane d’un voile épais, en mélangeant les qualités spécifiques des diverses substances, au cours des quatre opérations qui manifestent la couleur noire. Aussi devient-il très laborieux de les séparer et de distinguer nettement ce qui appartient à chacune d’elles. 
« Voici quelques citations qui pourront éclairer l’investigateur et lui permettre de reconnaître sa route dans ce ténébreux labyrinthe. »

Fulcanelli
Le Mystère des Cathédrales
et l’interprétation ésotérique des symboles hermétiques du grand œuvre.
Troisième édition augmentée, avec trois préfaces d’Eugène Canseliet, F.C.H., quarante-neuf illustrations photographiques nouvelles et un frontispice de Julien Champagne.
À Paris, chez Jean-Jacques Pauvert, 1964
(p. 101-102).

jeudi 24 octobre 2019

c'est cité


« Depuis tout ce temps que je me débats avec le démon de la citation, avec le surmoi de la citation, avec la compulsion de la citation, avec le dégoût, la névrose, l’amour de la citation, je ne sais pas si j’en ai trouvé le juste usage mais il m’est arrivé de penser qu’au lieu de continuer à écrire des livres, je pourrais faire œuvre de scribe, moine copiste devenu assez idiot pour ne même plus penser au salut de son âme mais vivant sa tâche de copieur dans l’absurdité mystique de chaque instant, quelque chose comme un “ en lisant en écrivant ” que j’aurais pris au pied de la lettre, copiant infiniment toutes les phrases qui me plaisent en un florilège infini, avec ce seul sentiment de les glisser comme des images dans un album que je remplirais patiemment, quotidiennement, m’occupant à le concevoir, autant peut-être que si je faisais une maquette, un puzzle, ou quelque autre artisanat qui confond si bien ses moyens et ses fins. »

Tanguy Viel
Icebergs
Minuit, 2019 (p. 28-29)

mardi 22 octobre 2019

« One minute past eternity »


Libération, jeudi 18 octobre 2001, article de Philippe Garnier

sur

Hellfire
Nick Tosches
(23 octobre 1949 - 20 octobre 2019) 
Allia (2001, 2008)
préface de Greil Marcus
traduit de l’anglais par Jean-Marc Mandosio


(quatrième de couverture, 2008)

samedi 12 octobre 2019

la lime

dans la nouvelle série

« Daniel Cabanis a trouvé » (3) :



Vénus callipyge (fragment), anonyme, âge de la pierre polie (paléolithique supérieur)
Collection Marcel Navas, Paris

vendredi 11 octobre 2019

mercredi 9 octobre 2019

écrivains nomades ma tête


« Il y a non seulement d’étranges voyages en ville, mais des voyages sur place : nous ne pensons pas aux drogués, dont l’expérience est trop ambiguë, mais plutôt aux véritables nomades. C’est à propos de ces nomades qu’on peut dire, comme suggère Toynbee : ils ne bougent pas. Ils sont nomades à force de ne pas bouger, de ne pas migrer, de tenir un espace lisse qu’ils refusent de quitter, et qu’ils ne quittent que pour conquérir et mourir. Voyage sur place, c’est le nom de toutes les intensités. »

Mille plateaux (1980), p. 602

mardi 8 octobre 2019

écrivains voyageurs mon cul



Je n’ai jamais supporté d’entendre cette appellation, cette formule publicitaire, ce pseudo-regroupement, d’

écrivains voyageurs.

Il s’agit d’un pur et simple pléonasme, comme « monter en haut » (bien qu’on puisse monter en bas) ; un écrivain, par définition, voyage, ou vagabonde, ou décaroge, ou se translate, ou stationne, ou visite l’Afrique sans même écarter les rideaux de sa papamobile.


dimanche 6 octobre 2019

ardent, irradiant et hypnotique



en France

aujourd’hui

il y a un livre

— hors catégorie — 

d’un écrivain vivant

qui plane très haut

au-dessus de tous les autres

passionnant de bout en bout

son nom est :

Divers

Textes, interventions, entretiens (1984-2019)

de Pierre Guyotat


Les Belles Lettres, sept. 2019, 512 p., 27 €


mercredi 2 octobre 2019

barbOtages


Au Poiss’ d’or, Alec Scouffi

Séguier, « L’Indéfinie », 2019 (E.O. 1929)



Ceux-là, leur compte était bon. Ils paieraient pour les autres. Toute une racaille composée de poisses et de jolis barbeaux, les marlous de la zone, descendus de Barbès ou venus de Sébasto, chaussés d’espadrilles, la casquette enfoncée jusqu’aux yeux gluants de rimmel, avec des joues roses à barbettes et des lèvres trop rouges.

p. 45

Assis tous deux sur le lit, ils grillaient des cigarettes anglaises que Chouchou tirait ostensiblement d’un joli étui en fausse écaille barboté dans la poche d'un client novice.

p. 103


Marthe allait bien, « comme toutes les catins qui n’s’en font pas » ; et Julot aussi, « comme tous les barbeaux qui vivent à leurs crocs ». Mais c'était le vieux Biche qui tirait la jambe…
« Tu sais, ajouta-t-elle, qu’y a eu descente au Poiss’, voilà six mois. Quelle histoire ! On n'a jamais su pourquoi, car, entre nous, hein, le vieux père est un ancien sergent d’ville. On croit qu’c’est l’Julot qu’a vendu la mèche. C’est p’t-être des bobards. Mais l’vieux l’a f’tu à la porte tout d’même, avec la Marthe, et parle déjà d’vendre la boîte. Pour du nouveau, c'est du nouveau, hein ? » 

p. 195


N. B. : Nous avons ajouté le gras.