samedi 3 juin 2023

lâcher du lest

Par manque de place
(évidemment)
 

ont été abandonnées ce jour
(vers 11 h 50)
à leur triste sort
dans une boîte à livres
d’un square
du XIXe arr. de Paris

ces trois nouvelles pièces :

— le premier pour obsolescence,

— le deuxième parce que temps non extensible,

— le troisième qui depuis peu faisait doublon
(ou « seconde peau »).

 



jeudi 25 mai 2023

Nouvelle Vague

1965 

 


 La collection « Mondrian »
— hommage à —
conçue et présentée
par Yves Saint Laurent
(sans trait d’union
ou « div »)

 

1967

 


 



mercredi 17 mai 2023

l’Angélus


 Jean-François Millet

(1858)

 


 
Réminiscence archéologique de l’Angélus de Millet (1934)

Dali




Catherine Millet

(2005) 

jeudi 11 mai 2023

allophones

 


Quelle aigreur encore chez ces étrangères lorsque, à certains détails, elles s’aperçoivent qu’elles ne sont pas encore tout à fait « de la famille » ! Il faut dire que les Japonais ont un talent pour vous le faire sentir ! On dit alors : le dialogue n’est pas possible. Autre méfait, ce mot « dialogue ». À son frère qu’on aime, on a si peu à dire ! Par manque d’antennes, par manque d’élan. Et l’on ira au Japon, c’est-à-dire sur la lune, avec un vocabulaire insuffisant et des interlocuteurs qui sont, comme vous et moi, médiocres deux jours sur trois, et l’on voudrait que le « dialogue passe » ? Ce serait souhaitable, je ne dis pas. Comme me le confiait un ami japonais, un soir qu’il avait bu, et avant d’y retomber : « Le silence est impossible. » Mais il faut commencer par connaître et mesurer ce qui nous enchaîne au silence.

 

Nicolas Bouvier

Le Vide et le Plein. Carnet du Japon 1964-1970

« Tokyo, la petite chronique »


mercredi 10 mai 2023

lundi 1 mai 2023

faire d'un(e) Pierre trois coups

 

couverture rempliée à fenêtre

1997, 300 exemplaires

Galerie Kamel Mennour, textes de Jean-Luc Mercié, 2000

(quatrième — détail)


« Trois décennies magiques », 1946-1976
210 p., avril 2023


lundi 17 avril 2023

mercredi 12 avril 2023

dimanche 9 avril 2023

La fille de joie, l’homme de peine et le bonheur du jour

 

-

La belle horizontale a ses règles

Laisser venir flairer les petits enfants

Tu ponds dis chéri

Oui ma cocotte

Verticalement

non non ce n’est pas un mot-croisé

je veux qu’on élève une gigantesque statue de putain

Devant le numéro 69 de la rue Dieu

Une statue en balles de ping-pong

Avec des nichons en peau de saucisson

Avec une énorme connasse en gutta-percha

ça servira de boîte aux lettres pour tout l’arrondissement

Ô vous les sales riches

Si vous avez fini

De manger la soupe aux myosotis dans vos bidets

Et vous masturbateurs de coccinelles

Laisser dormir en paix les blondes pissotières !

Elle a ses règles, que je vous dis !

pas de règles sans exceptions sauf avec FEMOSYL

Et moi

Le cœur sur la main

Les mains dans les poches

Les poches sous les yeux

Je fais le trottoir en ce monde immonde quartier réservé de Dieu

En attendant

En attendant Charles

Et le krach de l’amour aux Wall-Streets du cœur

La femme enceinte qui pisse en relevant ses cottes m’a dit

Julien Torma, passe !

 

« Le Bordel amer »,

in Julien Torma

Écrits définitivement incomplets

Collège de ’Pataphysique, 2003
[p. 305-306 / 800 p]
 
*
 

 

 

lundi 3 avril 2023

en cap’

 

Duelle

revue — publication semestrielle

n° 1, printemps 1999, 96 p. (couverture rempliée, 40 F)

mardi 28 mars 2023

jeudi 23 mars 2023

vendredi 17 mars 2023

De l’abeille...


Thot s’incarne dans un babouin qui relie un cri du temps à l’invention de l’écriture

Un castor habite la force d’un barrage construit sur la nature animale de l’eau

Un flot d’extases inspirent un dauphin qui s’amuse avec l’intelligence de la mer

Un éléphant trompe la pesanteur de sa sagesse avec sa mémoire écrasante

Un flamant rose stabilise un unijambiste qui s’articule avec la posture d’un yogi

La liberté d’une forêt gravite autour d’un gibbon qui défie la loi de la pesanteur

Un cri de la nuit émane d’un hibou qui effraie une superstition fantomatique

Les pattes d’un ibis momifié prolongent la posture éternelle de l’égypte antique

L’intelligence d’une plante psychotrope relie une transe à l’esprit d’un jaguar

Un eucalyptus habite l’existence d’un koala qui défie l’essence d’une menace

La peau d’un léopard habille un zoulou reconnu par une élégance redoutable

Une méduse nage dans la forme d’un silence qui approfondit sa transparence

Un narval se tortille autour de sa corne pour défendre une légende extravagante

Les applaudissements d’une otarie conspuent ceux de ses spectateurs manipulés

Un paresseux pendu à la solidité d’une branche rêve son monde à l’envers

Un quetzal flotte au cœur d’un drapeau sacrifié à l’ardeur de l’âme maya

Une diva légendaire invoque un rossignol qui déploie son chant anonyme

Une sterne migre de l’arctique à l’antarctique pour englober la lumière de notre terre

La langue d’un tamanoir interpelle le silence insatiable d’une faim innommable

Le vol d’un uraète atteint une altitude saisie par l’envergure d’une vision

Le destin d’un ver luisant se synchronise avec la substance d’une nuit éblouie

L’opium inspire une danse des wallabies dans un champ de pavot tasmanien

Un yack apprivoise ses grognements pour conserver sa fougue himalayesque

 

… au zèbre

 

23 noms d’animaux

sur 499

extraits de

 

Philippe Jaffeux

L’Atelier de l’agneau

2023, 58 p., 14 €

mardi 14 mars 2023

Ciselures de dragons du génie littéraire (Wenxin diaolong)

 
2022
 
Pour Liu Xie [465-522], la  littérature est « le wen du Dao », c’est-à-dire « l’expression idéographique de la Raison supraphénoménale de toute chose ».
Ainsi la littérature est-elle vue par les lettrés chinois comme la marque de l’humain par excellence, de même que la marque par excellence du tigre est le motif de rayures de son pelage, que celle de la forêt est le bruit du vent dans les feuilles. Dans le cosmos toutes ces marques sont entre elles en corrélation (ce que Granet appelle les correspondances), les beautés propres à chaque nature particulière se faisant écho. Cependant, ce qu’il y a d’unique dans la nature de l’homme et qui fait l’excellence de l’humain, c’est d’être le seul des dix mille êtres à pouvoir en cultivant sa nature la surélever en culture, autrement dit en wen, en littérature
 
(p. 60)
 

lundi 6 mars 2023

mardi 28 février 2023

Qui osse-que ?

 


Brassaï


Vivian Maier


Ana Luisa Pontes

mercredi 15 février 2023

la ride

 dans la nouvelle série

« Daniel Cabanis a trouvé » (5) :


Bianca Saldine / Le Tôlier ondulé / 2023 

Coll. Marcel Navas, Paris


dimanche 12 février 2023

A > Z

 Erster und letzter Buchstabe sind Anfang und Ende meines fischartigen Gefühls.


« La première et la dernière lettre sont le commencement et la fin de ma manière de sentir qui s’apparente à celle d’un poisson. »

trad. Marthe Robert



« La première et la dernière lettre sont le début et la fin de ma façon de me sentir digne d’un poisson. »

trad. Laurent Margantin



« La première et la dernière lettre de l’alphabet sont le début et la fin de ma sensation d’être semblable à un poisson. »

trad. Robert Kahn



franZ kafkA

 
Journal (premier cahier)

20 août 1911


dimanche 5 février 2023

mercredi 25 janvier 2023

HYPNOTIQUE DOUX — TOLÉRANCE PARFAITE – RÉVEIL EUPHORIQUE

Publicité sur les lieux de vente

recto


La Nuit étoilée, Van Gogh
 
*
 
verso 
 

 
Publicité pharmaceutique pour le somnifère Sonéryl
de la Société parisienne d'expansion chimique

date inconnue (années 30 [?])
 
*
 
Selon la police italienne, Raymond Roussel est décédé — le 14 juillet 1933,
à Palerme, Grand Hôtel et des Palmes — d’une intoxication
provoquée par l’ingestion de deux tubes de Sonneril [sic]
qui contenaient chacun 20 comprimés
qu’il avait avalés le soir précédent.
 
 

jeudi 19 janvier 2023

Poussin

 

(illustration de couverture)
 


Le Sauvage, n° 40
avril 1977

(j’ai dix-sept ans
j’y suis abonné)

dimanche 15 janvier 2023

chic’n’choc’

 
Atermoyant devant la généreuse profusion des propositions nutelléennes que propose l’édition française, balançant entre celui-ci et celui-là, vous hésitiez depuis longtemps à franchir le pas. Heureusement, en collectionneur scrupuleux et consciencieux, Guillaume Pô s’est adonné pour vous à un délicat et précieux exercice de littérature comparée. Vantant les mérites du premier sans oublier les vertus du second, c’est avec un subtil équilibre entre gourmandise et « succulence » que Pô — entre pâte à tartiner et pataphysique, décoré de l’Ordre de l’huile des palmes académiques — du Nutella s’est emparé.

Chaque titre — entre 4,99 € et 19,95 €, il y en a pour toutes les bourses —, dont la couverture est fidèlement reproduite (originalité de ces sept livres : ils sont tous en forme de pots de Nutella !), est soigneusement évalué, soupesé, mis en regard de ses concurrents, soit, par ordre chronologique :
 
Tout ce que vous avez toujours eu envie de savoir sur le Nutella (livre 64 p. + un tablier + une cuiller en bois, Milan, 2011) ;
Les trente meilleures recettes au Nutella (Larousse, 64 p., 2012) ;
Nutella. Le Livre des irrésistibles recettes (Solar, 64 p., 2012) ;
Trente recettes gourmandes au Nutella (Marabout, 64 p., 2012) ;
Le Grand Livre des recettes au Nutella (Marabout, 192 p., 2012) ;
Nutella (Solar, 64 p., 2013) ;
Nutella. Le Livre des 30 meilleures recettes (livre 48 p. + un moule en forme de pot de Nutella, Solar, 2013).

Avec Friandises littéraires, 2022, cet indispensable digest de 16 pages, Guillaume Pô fait œuvre utile pour tou.te.s les patissi.er.ère.s, les mamans et les papas qui veulent combler leur progéniture, toqué.e.s ou pas trop.

— À consommer sans modération —


 

 

lundi 9 janvier 2023

« Pour un Gadda »

 
 
 *
 
Le cercle des auteurs difficiles, acceptés et adulés sur les bords de Seine, était alors soumis à un numerus clausus. Seul Proust et Mallarmé, Joyce et Pound, Sterne et Arno Schmidt avaient droit de brouillard et patente d’abscondité. Sur les notices et résumés des chefs-d’œuvre déjà traduits, La Connaissance de la douleur et L’Affreux Pastis de la rue des Merles — ce faux polar sortie du gésier de Rabelais et agencé par le régisseur de Fellini —, Carlo Emilio Gadda se voyait invariablement placé à la gauche de Proust et Céline, à la droite de Joyce et Musil, qu’il connaissait tous d’intimité, mais qui tous jouissaient d’une célébrité supérieure à la sienne, sans même être lus.

Le Célibataire absolu
« Pour Carlo Emilio Gadda »
Philippe Bordas
« Blanche », 2022 (p. 50)
 

jeudi 5 janvier 2023

premiers de l’An


 

[...]

Partout il y a creux et partout promontoire
Et lacs silencieux reflets de nos regards
Et marais salés et fongeux
Liesse du cœur et repos de l’âme

Amants du premier soir et du premier matin
Ne sont pas différents de la terre
Semblables parfaits aux prairies et sous-bois
Tout ce qui suinte et sent les attire et les retient

Ils vont à l’étreinte comme à leur source
En même temps qu'à leur fin
Ils ne sortent pas du commencement
Et n’ont l’air de mourir que pour mieux renaître

[...]


Les Premiers-Nés
texte de Claude Louis-Combet
photographies d’Elizabeth Prouvost

Les Âmes d’Atala, Lille
2021, 102 p., tirage limité à 100 exemplaires