Il en est d’aucuns qui, faisant profession d’être plus amateurs de Vins rares que de Livres, encore qu’ils ne soient tout à fait ignorants & démunis de ceux-ci, pour faire montre de mépris envers ceux qui sont plus qu’eux hommes d’étude, gardent des flacons pleins derrière de certains rayons, & les invitent parfois à voir leur Librairie : feignant d’en tirer quelque Livre des plus rares, ils en tirent des flacons & des bouteilles de liqueurs précieuses ; mais un de ceux-ci paya naguère l’amende de sa facétie & de sa moquerie, car ce faisant il en renversa un & macula laidement une rangée entière d’excellents Livres disposée sous celle des flacons, y faisant des taches indélébiles : ainsi, comme dit le proverbe, la couleuvre a pris le charlatan*.
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* La biscia beccò il ciarlatano : jolie façon de dire « tel est pris qui croyait prendre ». Quant à savoir quelle est la base de cette expression, c’est une autre affaire.
in
2007 (200 exemplaires numérotés)
É.O. : Del furore d’aver libri. Varie Avvertenze Utili, e necessarie agli Amatori de’ buoni Libri,
disposte per via d’Alfabeto,1756
[entrée : Vin]
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