jeudi 17 décembre 2020

l’écrit voyageur

 


Merci à Zadig, librairie française — Französische Buchhandlung — de Berlin ; merci à Jena.


*   *   *


Elle tenait en main une petite baguette, avec laquelle elle traçait des caractères sur un sable fin qui se trouvait entre le gazon et le ruisseau. Zadig eut la curiosité de voir ce que cette femme écrivait ; il s’approcha, il vit la lettre Z, puis un A ; il fut étonné ; puis parut un D ; il tressaillit. Jamais surprise ne fut égale à la sienne quand il vit les deux dernières lettres de son nom. Il demeura quelque temps immobile ; enfin, rompant le silence d’une voix entrecoupée : « Ô généreuse dame ! pardonnez à un étranger, à un infortuné, d’oser vous demander par quelle aventure étonnante je trouve ici le nom de ZADIG tracé de votre main divine ? » À cette voix, à ces paroles, la dame releva son voile d’une main tremblante, regarda Zadig, jeta un cri d’attendrissement, de surprise et de joie, et, succombant sous tous les mouvements divers qui assaillaient à la fois son âme, elle tomba évanouie entre ses bras. C’était Astarté elle-même, c’était la reine de Babylone, c’était celle que Zadig adorait, et qu’il se reprochait d’adorer ; c’était celle dont il avait tant pleuré et tant craint la destinée. 


1 commentaire:

Unknown a dit…

...J'entends le bruit des feuilles sur les platanes de notre boulevard avec Zadig bien sûr, jamais loin de son comparse.