— Un atomiseur Ubik, répondit la jeune femme, est un ionisateur négatif portatif, muni d’une unité organique à haut voltage et bas ampères qu’actionne une batterie à hélium à gain maximum dotée d’une puissance de 25 kilovolts. Les ions négatifs sont l’objet d’un mouvement de rotation en sens inverse des aiguilles d’une montre qui leur est imprimé par une chambre d’accélération radicalement polarisée, ce qui leur communique une tendance centripète les amenant à s’agglomérer plutôt qu’à se disperser. Un champ ionique négatif diminue la vitesse des antiprotophases présentes normalement dans l’atmosphère ; dès que s’abaisse leur vitesse, elles cessent d’être des antiprotophases et, en vertu du principe de parité, ne peuvent plus s’assembler aux protophases engendrées par les personnes congelées en capsules cryoniques ; autrement dit les « semi-vivants ». Le résultat final est que la proportion des protophases non annulées par les antiprotophases s’accroît, ce qui se traduit – tout au moins pour un temps donné – par une augmentation dans l’émission de champ liée à l’activité protophasique ; il en découle pour le semi-vivant qui expérimente le phénomène un regain de vitalité ainsi qu’un abaissement de la sensation de froid due aux températures de congélation. Vous voyez donc pourquoi les formes régressées d’Ubik ne pouvaient pas…
Joe dit machinalement :
— Parler d’ions négatifs est un pléonasme. Tous les ions sont négatifs.
[…]
Je suis Ubik.
Avant que l’univers soit, je suis.
J’ai fait les soleils
J’ai fait les mondes.
J’ai créé les êtres vivants et les lieux qu'ils habitent ; je les y ai transportés, je les y placés.
Ils vont où je veux, ils font ce que je dis.
Je suis le mot et mon nom n’est jamais prononcé, le nom qui n’est connu de personne.
Je suis appelé Ubik, mais ce n’est pas mon nom.
Je suis.
Je serai toujours.
Ubik
K. Dick
source
(p. 281 et 284)