lundi 31 mars 2008

pour se désaccoutumer du regard d'autrui




Un jour, un jeune homme d’une famille de distinction sollicita Diogène de Sinope pour étudier la philosophie sous sa direction ; celui-ci lui donna un hareng, lui demanda de l’attacher au bout d’une ficelle, de la relier au pan de son manteau, le pria enfin de le suivre et de traverser la place du marché en traînant derrière lui ce curieux attirail.
L’autre, tout honteux et marri, jeta le poisson d’un air dégoûté et s’en fut.
Quelque temps après, le Chien rencontra ce compagnon en brillante société et lui dit en éclatant de rire :
— Un hareng a brisé notre mutuelle amitié !

D’après Diogène Laërce
Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres (VI, 36)


(L’Ouverture de la pêche, Éd. les Petits Matins, coll. « Les grands soirs », 2006)

1 commentaire:

Henri Kiosquier a dit…

POLONIUS. - Me reconnaissez-vous, monseigneur?

HAMLET. - Parfaitement, parfaitement, vous êtes un marchand de poisson.

(François-Victor Hugo)