un ventre énorme est l’éléphante
emmanchée d’un long nez
pour un peu moins humer
l’odeur qu’elle essaime abondante
car elle a une bonne descente
200 kg de feuille ou palme
bambou broussaille ou bout de canne
à sucre écrabouillés dans les bruyantes
mâchoires sous son nez
qui les arrosent de 150
litres d’eau par journée
et qu’elle mettra 30 h à transformer
font en moyenne 4 quintaux
dans les boyaux de l’éléphante
pour porter ça du muscle il faut
et une charpente impressionnante
ajoutez tous les 4 ou 5
ans un mignon éléphanteau
pesant à peine 200 kg
lorsqu’à 20 mois enfante enfin
l’emphatique éléphante
sur ses guibolles tels des poteaux
pas surprenant qu’elle soit prudente
que sur des œufs avancent très lentes
ses 4 tonnes de bouffe et chair
ce n’est que dans la rivière
où son long nez gaîment serpente
qu’elle se sent aussi légère
qu’une baleine égrenant derrière
une guirlande étonnante
de verte et moussue matière
se dandinant tels des colverts
au fil de l’eau son ailée fiente
Ban Xieng Lom, Laos, 2009
Jacques Demarcq
La Vie volatile (Les Zozios, suite)
« d’Asie » [p. 228-229]
Nous, MMXX
400 p. (dont nombreuses couleurs), 30 euros
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