« Le maquereau, qui prospère dans les régions supérieures, reproduit sur son dos les mouvements des vagues, comme le ferait un peintre de marine. Mais le maquereau d’or se roulant au milieu des paquets de mer, dont l’embrun brise les rayons du soleil, a passé à la teinture sous l’arc-en-ciel, imprimé sur un fond d’or et d’argent…
« Qu’est-ce donc tout ceci, sinon de la photographie ? Sur sa plaque d’argent, soit chlorure, bromure, iodure d’argent, puisque l’eau de mer est censée tenir ces trois halogènes, ou sur sa plaque albumineuse ou mieux gélatineuse imprégnée d’argent, le poisson condense les couleurs réfractées par l’eau. Submergé dans le révélateur, sulfate de magnésie (— fer), l’effet dans le statu nascenti devient si énergique, que l’héliographie se produit directement. Et le fixateur, l’hyposulfite de soude, ne doit pas être bien loin, pour le poisson qui séjourne dans le chlorure de sodium et les sels sulfatés et qui, d’ailleurs, apporte sa provision de soufre.
« Est-ce plus qu’une métaphore ? Certes ! Admis que l’argent des écailles des poissons ne soit pas de l’argent, l’eau de mer renferme toujours des chlorures d’argent et le poisson n’est presque qu’une plaque de gélatine. »
August Strindberg, Inferno