mercredi 7 février 2024

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«  Heilige Nacht »

Minuit passé, en vain je renifle le squelette d’Essenine, en vain je pleure le crâne troué de Maïakovski, en vain je hurle face à Konstantin, champion du plongeon par la fenêtre. Mais sérieusement, tant que ne seront pas élucidés les étranges suicides, nous demeurerons des singes vociférant, pourquoi nos frères finissent-ils ainsi alors que ce n’est qu’à présent qu’ils auraient pu librement, et donc superbement vivre parmi les petites branches de la dialectique. Ou bien, ô effroi, les pères de l’Église recommenceraient-il à ressusciter des morts ? On ne les aurait donc pas assez soigneusement étranglés ?


P.S.

Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1849, Dostoïevski fut chargé de fers et envoyé en Sibérie. Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1925, Essenine se pendit au lustre d’un hôtel de luxe moscovite et pour plus de sûreté se tira aussi une balle. Ô nuits de Noël !


Bohumil Hrabal

(p. 109) 


La Ruée des poissons
Poésie tchèque (éd. bilingue)
Traduit par Marianne Canavaggio, Benoît Meunier, Patrik Ouředník et Jean-Gaspard Páleníček
Rumeurs Éditions, coll. « Centrale / Poésie »
(2023, 160 p.)

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