lundi 9 janvier 2023

« Pour un Gadda »

 
 
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Le cercle des auteurs difficiles, acceptés et adulés sur les bords de Seine, était alors soumis à un numerus clausus. Seul Proust et Mallarmé, Joyce et Pound, Sterne et Arno Schmidt avaient droit de brouillard et patente d’abscondité. Sur les notices et résumés des chefs-d’œuvre déjà traduits, La Connaissance de la douleur et L’Affreux Pastis de la rue des Merles — ce faux polar sortie du gésier de Rabelais et agencé par le régisseur de Fellini —, Carlo Emilio Gadda se voyait invariablement placé à la gauche de Proust et Céline, à la droite de Joyce et Musil, qu’il connaissait tous d’intimité, mais qui tous jouissaient d’une célébrité supérieure à la sienne, sans même être lus.

Le Célibataire absolu
« Pour Carlo Emilio Gadda »
Philippe Bordas
« Blanche », 2022 (p. 50)
 

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