Sur un point cependant ceux que j’ai conviés au Cimetière de la morale s’accordent : leur refus de l’existence, dont jamais ils ne perdent de vue l’horreur. Ils considèrent pour la plupart la procréation comme un crime, la création comme une faute de goût, la société comme une association de malfaiteurs et le suicide comme leur honneur, quand ce n’est pas leur devoir. Ils sont de la famille de Schopenhauer, et c’est pourquoi nous avons été lui rendre visite à l’Hôtel d’Angleterre. Tous, un jour ou l’autre, l’ont écouté comme nous l’avons fait nous-même, et ce qu’ils ont entendu les a confortés dans leur mépris de l’humanité, leur défiance de l’amour, leur nihilisme invétéré.
Roland Jaccard, le Cimetière de la morale, Puf, « Perspectives critiques », 1995, p. 7.
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