samedi 20 mars 2021

docker au port international Ahmed-Abdallah-Abderemane de Mutsamudu (île d’Anjouan, Comores)

 


C’était une femme éblouissante qui s’était adonisée d’une manière à déstabiliser tout ce qui était jusque-là normal : une beauté divine, un chant d’oiseau, un vent impétueux qui ravage tout sur son passage. Avec son physique harmonieux, elle était faite à peindre. Le diable m’emporte si je mens, rien qu’en la voyant s’approcher gracieusement de moi je commençais à perdre la raison. J’étais en érection : j’ai senti tout à trac quelque chose s’animer à tout risque dans mon pantalon comme un serpent. « Hé ! Imprudente que tu es, petite queue bavarde ! Reste tranquille là où tu es. Cette femme est mariée. Elle n’est donc pas à toi », me suis-je dit in petto, moi dérangé que je suis. Je voulais retenir mon insolente matraque par ma main pour éviter un scandale, mais j’avais honte de le faire, devant cette femme surtout. J’ai donc laissé le petit serpent se déchaîner un moment. Je résistais en contractant mes mâchoires et en tremblant comme si j’avais froid. Mais lui, ce n’était pas son affaire. Rien ne pouvait l’arrêter. C’était parti comme un animal sauvage ! Il était au pinacle et n’avait rien dans son petit crâne que l’idée de se faire baster. 


Ali Zamir

Dérangé que je suis

Le Tripode, 2019

(p. 52-53)


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