dimanche 4 octobre 2020

Intérieur aux aubergines (1911)

 

La peinture de Matisse ne raconte rien, nul événement, ni un bonheur ni une misère, n’illustre rien ; elle dévoile et expose une structure permanente, une partie de l’univers (celle-là ou une autre, toutes sont exemplaires), elle dit l’espace cosmique dont nous sommes l’un des constituants ; les mots « pendant », « avant », « après » n’ont ici plus de sens, ils sont remplacés par les mots « toujours, dès que l’on peut ouvrir les yeux, voici ».




Il [Matisse] dit : les dieux sont partout et d’abord en nous. C'est nous. À nous ! Avec pour effet la pulvérisation de toute théologie. Tout cesse alors d’être pensé en termes de but à atteindre, en termes de fin et de moyens, on est hors de portée du péché originel et du même coup prend fin le monde de la dialectique, cesse la fuite en avant.


Dominique Fourcade

Rêver à trois aubergines

Centre Pompidou, 2020 [E.O. 2012]

[p. 40-41]



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