t H o m a s
b e r n H a r d
goethe se m H eurt
Traduit de l’allemand (Autriche) par Daniel Mirsky.
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Choisir pour titre Goethe schtirbt (et non Goethe stirbt) ne relève en effet ni de la faute d’orthographe ni du néologisme. C’est au contraire un jeu de langage délibéré, qui précipite d’emblée l’événement de la mort de Goethe des hauteurs sublimes de la langue allemande jusqu’au plancher des vaches du dialecte autrichien.
Dans la bouche d’un fils de paysans des Préalpes, le prince de Weimar ne meurt pas — stirbt —, mais il « claque », « crève », « clamse » — schtirbt. Très prisé dans la littérature autrichienne, de Nestroy à Jelinek en passant par Kraus, ce jeu avec la langue et ses codes participe d’une vieille tradition critique.
Christine Lecerf, le Monde des livres (5 décembre 2013)