vendredi 28 décembre 2018

poésie


Les poissons font des bonds
Les oiseaux sont des cons




Les pichons font des bulles
Les zoziaux sont des nuls

mercredi 19 décembre 2018

demi-lune

[Il est libre], [dessin] / Jn Jque Le Queu delin. an 7 Rep. [1798-1799]



« Presque tous les renseignements que l’on possède sur la vie et l’œuvre de l’architecte Jean-Jacques Lequeu proviennent de sa propre collection de papiers et de dessins, qu’il a donnée à la Bibliothèque royale en 1825 et qui est actuellement conservée au cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France. Ce fonds a subi plusieurs altérations assez radicales depuis son entrée à la Bibliothèque nationale : non seulement ses différentes parties ont été réorganisées et certains de ses éléments dispersés dans d'autres fonds, mais il y a lieu de croire que des ajouts ont été faits aux dessins par Marcel Duchamp lui-même ! Par conséquent, Lequeu est une énigme pour l’historien, et la reconstitution de la vie et de la pensée de ce brillant dessinateur est particulièrement compliquée. »

1er paragraphe de l’article Lequeu, Jean-Jacques (1757-1826), in Encyclopædia Universalis

dimanche 16 décembre 2018

Ouïes & noms



— Oui ! des poissons, s’écria Conseil. On se croirait devant un aquarium !
— Non, répondis-je, car l’aquarium n’est qu’une cage, et ces poissons-là sont libres comme l’oiseau dans l’air.
— Eh bien ! ami Conseil, nommez-les donc, nommez-les donc ! disait Ned Land.
— Moi, répondit Conseil, je n’en suis pas capable ! Cela regarde mon maître !

Jules Verne
Vingt Mille Lieues sous les mers

jeudi 13 décembre 2018

mardi 11 décembre 2018

double aveugle

Comment parler de Comment parler des livres
que l’on a pas lus ? quand on ne l’a pas lu.


« La troisième contrainte concerne le discours tenu sur les livres. Un postulat implicite de notre culture est qu’il est nécessaire d’avoir lu un livre pour en parler avec un peu de précision. Or, d’après mon expérience, il est tout à fait possible de tenir une conversation passionnante à propos d’un livre que l’on n’a pas lu, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu’un qui ne l’a pas lu non plus.

« Plus encore, comme il apparaîtra au fil de cet essai, il est même parfois souhaitable, pour parler avec justesse d’un livre, de ne pas l’avoir lu en entier, voire de ne pas l’avoir ouvert du tout. Je ne cesserai d’insister en effet sur les risques, fréquemment sous-estimés, qui s’attachent à la lecture pour celui qui souhaite parler d’un livre, ou mieux encore, en rendre compte. »

Pierre Bayard
Minuit, coll. « Paradoxe », 2007 (p. 14)

samedi 8 décembre 2018

banquet de famille


À peine Dieu a-t-il formé Adam, et l’a-t-il pourvu d’organes propres au développement de son intelligence, qu’il fait défiler devant lui tous les animaux, et qu’il le charge d’imposer à chacun d’eux le nom qu’il doit avoir et conserver (Adduxit animantia ad Adamus ut videret quid vocaret ea ; omne enim quod vocavit animae viventis, ipsum est nomen ejus. Gen., II, 19). Voilà qui est fort bien pour les animaux ; mais par la suite vinrent les enfants de la famille primitive qui sans doute s’accrut assez rapidement ; car d’après une ancienne tradition hébraïque, qui pourtant n’est pas plus article de foi que toutes les folies rabbiniques que nous ont débitées les docteurs juifs, Adam, mourant à l’âge de 930 ans, laissa quinze mille enfants, sans compter les femmes ; ce qui devait faire un assez joli cercle autour du foyer paternel. Il fallut bien que ces enfants eussent chacun  leur nom particulier, bien connu du père et de la mère d’abord, puis des frères et sœurs, et par la suite des oncles, des tantes, des cousins germains, des issus de germains, enfin de toute la famille.

G. P. Philomneste (Gabriel Peignot)
Le Livre des singularités (1841)
« Onomatographie amusante »



Bnf / Gallica

mercredi 5 décembre 2018

Amer


© Benoit Galibert (2007) [3/33]




S
S U
S U Z
S U     E
S     Z
S         E
   U
       Z  
   U Z
   U    E
S    Z E
  U Z E
      Z E
         E



(source : www.benoitgalibert.com)

vendredi 23 novembre 2018

« Comment finir ? »



Projet.    Commencer à 70 ans pour finir à mon 80e anniversaire un livre de chansons intitulé 80 Flowers.

Substance.    Uniquement les fleurs que j’ai réellement vues et toute la botanique que j’aurai apprise en 10 ans.
Forme.    Chansons de 8 vers de 5 mots : 40 mots par poème, qui naissent de mes livres précédents et les condensent.


(Nous 2018, traduction et postface d’Abigail Lang)

mercredi 21 novembre 2018

Impatiens


Impatiens impatience esprit malchanceux ne-me-touchez-pas 
brumeux déplore l’un l’autre fou 
instantané blues étouffé graine impatiente-du-Cap
bal-sa-mine aspire trottoir-de-l’enfer fleurit lance-feuille 
apaisée étoile très-rare embrasse jeune
vieux-rose pourpre blanc aussi feuille-cœur
balsamine des-jardins intacte séjourne dedans
éperon-effilé accordé-écarlate dehors soirées estivales


Louis Zukofsky
80 fleurs
traduction d’Abigail Lang
(Nous, « Now », 2018, p. 57)

dimanche 11 novembre 2018

vendredi 9 novembre 2018

lundi 5 novembre 2018

Patrick

Si le nom de Modiano
commence bien comme « modeste »
il finit pourtant comme commence « Nobel ».

dimanche 4 novembre 2018

J.-J. Schuhl


(1976)


Louise craque une couture III


Clic-clac : Louise Brooks craque une couture.




(p. 120)



jeudi 25 octobre 2018

poétique (1)


« Toute ressemblance sonore au sein des mots dont nous avons l’usage annexe aussitôt à son empire le territoire simplement homophone de la meute sonore qui l’évoque. »

Pascal Quignard
Petits Traités
(tome VII, XLIII, « L’oreille de Marie »)

mardi 9 octobre 2018

Vers midi


String-string-string : dès le réveil fluo, une bombasse à demi désapée persiste sur la rétine et l’édredon en vaporisant paroles & mimiques. Il la chasse à coups de traversin mais elle le poursuit au rez-de-chaussée, à califourchon sur la rampe qu’elle parsème de traînées blanchâtres. Quand il soulève l’œil de son bol, d’un côté la neige absorbe tout et de l’autre le néon fait cligner la tranche pailletée du portfolio. S’il l’ouvre pour revoir les auréoles aréoles, ce n’est plus du tout public.

Bruno Fern
Suites
roman fleuve

Louise Bottu, 2018, 162 p., 14 €
(p. 113)

lundi 8 octobre 2018

anagranymes


SALVADOR DALI

AVIDA DOLLARS
(André Breton)


TRISTAN TZARA

TARZAN ARTIST
(Alice Becker-Ho)


MARCEL DUCHAMP

MAHMUD PACLERC
(Cécile Mainard/i)

dimanche 7 octobre 2018

Bonnet M


À une époque, j’imagine enlever une lettre à mon nom à chaque nouveau livre. Il y aura Cécile Mainard, Mainar, Maina (avec un tréma peut-être) puis Main, Mai, Ma (imagine, Cécile Ma !) et enfin M. Quand on me demande ce qui se passe une fois que toutes les lettres sont égrenées (« alors là, tu n'écris plus ? ») et si je m’expose à un nombre compté de livres, je réponds d’un claquement de doigts que je peux faire repartir le cycle à l’envers, ou qu’arrivée à la lettre M démarre pour moi ma carrière de chanteuse pop !

Cécile Mainard/i
Le Degré Rose de l’écriture
Performance Under Reading Conditions

Ekphrasis, 2018, 56 p., 7 €
(p. 17-18)

lundi 1 octobre 2018

du fantastique



Rolland convertissait la phénoménologie entière des forces physiques en équations, et à peine notre éminent professeur de physique nous avait-il présenté les lois de la réfraction, des pressions hydrostatiques ou des potentiels électriques, que mon camarade exécutait d’étranges ballets avec les xxx, les yyy et les zzzz sous les vastes auvents des racines, ou faisait défiler des armées de polynômes aux ordres des coefficients, redressant les bannières des exposants et poussant les vélos sans guidon de l’infini : ∞. Bien entendu, Rolland était le meilleur étudiant de notre département, et nos camarades l’avaient affublé du sobriquet de docteur Xyz.


Clemente Palma
XYZ, roman grotesque
traduit de l’espagnol (Pérou) par Samuel Monsalve
(Allia, août 2018, p. 16)

mardi 11 septembre 2018

tétons les tétons !




(car il semble bien que sur la grande kermesse FesseBouc
ce serait plutôt :

tait-on les tétons ?)

lundi 10 septembre 2018

rentrée


La sueur emplit mes yeux, ma paupière blessée a enflé, je ne ressens plus mes chevilles, vais-je donc finir sur ce brancard, entre ces murs fermés, les adjoints arrangeant mes doigts, les sangles, pour que j’apparaisse comme m’étant étranglé moi-même ? Et si je ne ressens plus mes bras ni mes mains ni mes doigts, c’est qu’ils ont tué, qu’ils m’ont tué : que, leur besogne faite, ils disparaissent, comme les tueurs de Macbeth, dont j’ai pris le nom, Donalbain, de l’un des enfants de Duncan, le roi assassiné, comme pseudonyme pour le texte dont j’ai reçu le contrat d’édition hier, mon père refusant que je le signe de son patronyme ; puis-je même, encore mineur pour deux ans, signer ce double feuillet de contrat que je garde dans mon casier de chambrée ?

Pierre Guyotat
Idiotie
(2018, p. 80)

à Lucie-Nation

riz longcourt
riz médicisse
rix renodo
prix Fée Mina
ris des lybrères

(et caetera)

vendredi 7 septembre 2018

Pas-de-Calet


Dans le département qui a pour chef-lieu Arras, on ne lit guère La Belle Lurette, le Tout sur le Tout, Monsieur Paul ou Peau d’ours.

lundi 3 septembre 2018

la palissade


Raymond Hains
(1976, 200 x 275 / FracBourgogne)

champagne !

passé
R. Hains a rincé à Reims

présent 
R. Hains rince à Reims

futur
R. Hains rincera à Reims


mercredi 29 août 2018

jeudi 23 août 2018

*


Ben Radis in Magazine littéraire, n° 172-173, mai 1981

mardi 7 août 2018

le théâtre et son double


Et pourtant, vous militez pour rendre le théâtre obligatoire. Est-ce une idée fixe ?
Évidemment ! De même qu’on a rendu obligatoire l’instruction publique ! Je propose même, dans Rhapsodie pour le théâtre, tout un dispositif pour obliger les gens à aller au théâtre, en utilisant, comme il se doit, un mélange gradué de récompenses et de punitions. Par exemple, ceux qui iraient comme il convient au théâtre paieraient moins d’impôts. Je plaisante, bien sûr, mais je soutiens en vérité le principe d’une — légère – obligation.

Alain Badiou, Eloge du théâtre
dialogue avec Nicolas Truong
Flammarion, 2013, p. 83-84.

*   *   *

Prenons un exemple dans le théâtre : un des plus grands hommes de théâtre actuel — Samuel Beckett — n’est-il pas celui qui exprime justement tout ce que nous sommes en train de dire ?
Je ne peux pas vous suivre dans une discussion théâtrale parce que je suis — je m’excuse — allergique au théâtre. Quand je vais au théâtre, j’ai toujours l’impression d’avoir pénétré par mégarde chez les voisins du dessous et d’assister à une conversation qui ne me regarde pas et qui, d’ailleurs, ne m’intéresse pas ! Alors, laissons le théâtre de côté. Bien…

Entretiens avec Claude Lévi-Strauss
par Georges Charbonnier
« 10/18 », 1969, p. 102-103.

mercredi 25 juillet 2018

* * *



     Mizuno avait toujours du mal à se lever le matin. Ce jour-là également, il avait ouvert les yeux vers dix heures et fumait une Airship sur son futon en contemplant le plafond, quand une pensée lui traversa l’esprit. 
     « Zut ! J’ai mis son vrai nom », s’écria-t-il sans réfléchir.
     Il n’y avait personne pour l’entendre, ce qui ne l’empêcha pas de regarder rapidement autour de lui d’un air inquiet.

Jun’ichiro Tanizaki
Noir sur blanc
(trad. Ryoko Sekiguchi et Patrick Honnoré)
[1928, Philippe Picquier 2018]
(incipit)

jeudi 12 juillet 2018

[...]


« Cependant on peut s’imaginer que pour Kant, à l’âge de 78 ans, les changements, même en mieux, n’étaient point agréables. Si intense avait été l’uniformité de sa vie et de ses habitudes que la moindre innovation dans l’arrangement d’objets aussi peu importants qu’un canif ou une paire de ciseaux le troublait ; et non point seulement si on les avait placés à deux ou trois pouces de leur position habituelle, mais même si on les avait posés un peu de travers. Quant aux objets plus grands, tels que des chaises, etc., tout dérangement dans la disposition usuelle, toute transposition, toute addition à leur nombre, le jetait dans une absolue confusion. »

Thomas De Quincey
Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant 
(Traduction Marcel Schwob)



jeudi 5 juillet 2018

Osamu Dazaï (4)

Guillotine, guillotine, zzz, zzz, clac !
Guillotine, guillotine, zzz, zzz, clac !



Les Belles Lettres, coll. « l’Exception », 2017, 176 p.

traduit et présenté par Didier Chiche

(titre original : Shayô, 1947)