source : Silo/Suel (20 février 23)
Thot s’incarne dans un babouin qui relie un cri du temps à l’invention de l’écriture
Un castor habite la force d’un barrage construit sur la nature animale de l’eau
Un flot d’extases inspirent un dauphin qui s’amuse avec l’intelligence de la mer
Un éléphant trompe la pesanteur de sa sagesse avec sa mémoire écrasante
Un flamant rose stabilise un unijambiste qui s’articule avec la posture d’un yogi
La liberté d’une forêt gravite autour d’un gibbon qui défie la loi de la pesanteur
Un cri de la nuit émane d’un hibou qui effraie une superstition fantomatique
Les pattes d’un ibis momifié prolongent la posture éternelle de l’égypte antique
L’intelligence d’une plante psychotrope relie une transe à l’esprit d’un jaguar
Un eucalyptus habite l’existence d’un koala qui défie l’essence d’une menace
La peau d’un léopard habille un zoulou reconnu par une élégance redoutable
Une méduse nage dans la forme d’un silence qui approfondit sa transparence
Un narval se tortille autour de sa corne pour défendre une légende extravagante
Les applaudissements d’une otarie conspuent ceux de ses spectateurs manipulés
Un paresseux pendu à la solidité d’une branche rêve son monde à l’envers
Un quetzal flotte au cœur d’un drapeau sacrifié à l’ardeur de l’âme maya
Une diva légendaire invoque un rossignol qui déploie son chant anonyme
Une sterne migre de l’arctique à l’antarctique pour englober la lumière de notre terre
La langue d’un tamanoir interpelle le silence insatiable d’une faim innommable
Le vol d’un uraète atteint une altitude saisie par l’envergure d’une vision
Le destin d’un ver luisant se synchronise avec la substance d’une nuit éblouie
L’opium inspire une danse des wallabies dans un champ de pavot tasmanien
Un yack apprivoise ses grognements pour conserver sa fougue himalayesque
… au zèbre
23 noms d’animaux
sur 499
extraits de
2023, 58 p., 14 €
dans la nouvelle série
« Daniel Cabanis a trouvé » (5) :
Bianca Saldine / Le Tôlier ondulé / 2023
Coll. Marcel Navas, Paris
Erster und letzter Buchstabe sind Anfang und Ende meines fischartigen Gefühls.
« La première et la dernière lettre sont le commencement et la fin de ma manière de sentir qui s’apparente à celle d’un poisson. »
trad. Marthe Robert
« La première et la dernière lettre sont le début et la fin de ma façon de me sentir digne d’un poisson. »
trad. Laurent Margantin
« La première et la dernière lettre de l’alphabet sont le début et la fin de ma sensation d’être semblable à un poisson. »
trad. Robert Kahn
franZ kafkA
Journal (premier cahier)
20 août 1911
[...]
Partout il y a creux et partout promontoire
Et lacs silencieux reflets de nos regards
Et marais salés et fongeux
Liesse du cœur et repos de l’âme
Amants du premier soir et du premier matin
Ne sont pas différents de la terre
Semblables parfaits aux prairies et sous-bois
Tout ce qui suinte et sent les attire et les retient
Ils vont à l’étreinte comme à leur source
En même temps qu'à leur fin
Ils ne sortent pas du commencement
Et n’ont l’air de mourir que pour mieux renaître
[...]
Les Premiers-Nés
texte de Claude Louis-Combet
photographies d’Elizabeth Prouvost
Les Âmes d’Atala, Lille
2021, 102 p., tirage limité à 100 exemplaires
Un livre aux pages entièrement blanches, intitulé What Every Man Thinks About Apart From Sex (« À quoi pense un homme en dehors du sexe ») et publié par l’écrivain et « performeur » Sheridan Simove, en 2011, est devenu en quelques semaines un best-seller, passant à la 744e place des ventes sur le site Amazon. Les étudiants anglais l’achètent notamment pour l’utiliser comme un carnet de notes au design humoristique.
Son pendant, What Every Woman Thinks About Apart From Money (« À quoi pensent les femmes en dehors de l’argent), a été mis en vente par Melissa Marshall en 2013.
Les Miscellanées d’un bouquineur
Virgile Stark
Les Belles Lettres, 2022
Cette « perception subite du vrai », l’érotisme des grenouilles manifesté dans la langue, est ce qui provoque cette perplexité tant recherchée par Duchamp.
L’érotisme n’est-il pas ce qui fait surgir l’autre autre ? Et, surtout, ce qui fait se révéler soi-même autre, bovaryque, double d’une image auparavant insoupçonnée dans une société qui négocie péniblement avec les apparences.
De l’érotisme, Marcel Duchamp affirme qu’il est dans son œuvre « énorme, visible [qui peut être perçu], ou voyant [qui attire le regard/visionnaire ?], ou en tout cas sous-jacent ». Chaque adjectif compte : Duchamp et Rrose Sélavy ne se soucient-ils pas constamment d’optique de précision ?
Et le regardeur, itou.
Marc Décimo
Étant donné Marcel Duchamp, Palimpseste d’une œuvre
Les Presses du réel, 2022 (p. 41-42)
https://www.sitaudis.fr/Parutions/marc-decimo-etant-donne-marcel-duchamp-1668919357.php
* * *
Sylvain Bourmeau interroge Georges Didi-Huberman pour la série « Dans la bibliothèque de… »
AOC, samedi 19 novembre 2022, première question
ligne 3 (réponse) : au lieu de l’abbé Barbeau, lire Aby Warburg ;
ligne 5 : au lieu de Barbeau, lire Warburg.
[...]
Les numéros 1 à 79 du Bulletin sont disponibles en accès libre pour consultation et téléchargement sur
https://www.associationgeorgesperec.fr/
(Vielen Dank à Philippe Mouchès, via Marcel Navas,
pour la réalisation du détournement graphique.)
Après
JMG Le Clézio,
Patrick Modiano,
Annie Ernaux,
il se murmure
que Guillaume Musso
commence à croire sérieusement à ses chances.
« Dans ce monde oscillant entre épicurisme et jansénisme, entre le hasard et l’arbitraire, où les êtres comme l’écriture ne tiennent qu’à un fil, au simple changement d’une lettre ou d’un mot, Jean Echenoz agit en pur romancier de la grâce, une grâce qu’il dispense sans compter, dans la double et complète acception esthétique et théologique du terme, la première étant l’image de la seconde, toutes deux réunies en l’infinie fragilité, toujours susceptible d’être remise en jeu, d’un geste souverain. »
« Jean Echenoz et le clinamen », William Marx, in Cahier de L’Herne Jean Echenoz (p. 24)
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https://www.sitaudis.fr/Parutions/cahier-de-l-herne-echenoz-1664029309.php
Mercredi, au débotté, à toute allure, j’extrais Des éclairs (2010) de Jean Echenoz d’un rayon Minuit de ma bibliothèque parce que je vais avoir deux fois trois quarts d’heure de métro à endurer (deux fois par semaine) ; dans cette biographie romanesque, mélancolique beaucoup, de Nikola Tesla, j’y cherche quelque chose ; je le feuillette ; je le relis par morceaux ; le soir au retour, je m’aperçois qu’une « carte publicitaire » (offerte par la librairie L’Arbre à Lettres, février 2006) était glissée entre les pages finales.
Alors je (vous) la scanne : c’est la phrase d’incipit de Ravel.
(Je pense que Patrick Bléron sera ravi de l’anecdote.)
Atti relativi alla morte di Raymond Roussel
(Edizioni Esse, Palerme, 1971)
(« actes » — comme ceux d’un colloque, d’un notaire, de décès ou de naissance… — au sens d’« écrits »)
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Comment l’auteur de La Doublure, né en 1877 et mort en 1933, qui trouva la mort durant la nuit d’une double fête, religieuse et patriotique, dont les initiales sont redoublées — RR, un homme richissime qui voyageait en Rolls Royce —, pouvait-il ne pas retenir l’intérêt d’un auteur sicilien amateur de romans-enquêtes, dont le patronyme est composé d’une syllabe géminée : « Scia-scia » — son nom ainsi sciemment « scié » ?
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« […] En 2017 paraît le recueil du poète Jacques Barbaut, Alice à Zanzibar, contenant 238 limericks, dont 12 traduits. Il est agrémenté d’un court historique en postface, et d’un index des noms propres allant de "Adam" à "Zazie", car les poèmes suivent l’ordre alphabétique de ces noms. C’est, de loin, le recueil le plus nombreux, le plus imaginatif de tous ceux que nous avons passés en revue, et ses poèmes, dont la chute est toujours grivoise, peuvent être très hard, mais toujours à bon escient. Comme il cherche plutôt à décrire ses fantasmes le plus crûment possible, l’auteur s’abstient de jouer sur les équivoques. […] »
Alain Chevrier, 68+1 limericks
suivi de « Petite histoire du limerick français »
L’Éthernité, 2022
(p. 218-219)
sur
Jean-Jacques Duboys (17 octobre 1768-18 juillet 1845),
de la série des « Parlementaires », par Daumier
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« La France lui doit deux des plus grandes choses de notre époque :
1. substitution du mot pourra au mot devra dans la loi sur la pêche à la morue ;
2. introduction d’une virgule dans un article de la loi sur les cassonades. »
Le Charivari