samedi 29 mars 2014

orientation bibliographique


Pour vous préparer sereinement à l’épreuve tant redoutée de la dic-té-eu, vous lirez — ou consulterez — toujours avec profit :

— l’Abrégé du Code typographique à l’usage de la presse ;
— Accents et autres signes diacritiques : pour un usage raisonnée ;
— Accords parfaits ;
— « L’acquisition des finales homophones en -er/-é/-ais… à l’école élémentaire et au collège, entre phonographie et morphographie » ;
— Approches didactiques contrastées et compétences orthographiques ;
— le Bref… (ou « Abrégé des règles typographiques en usage au département lecture-correction Larousse ») ;
— Caractères, polices : l’Œil de la lettre ;
— C’est ma très grande « pheautteux » ! ;
— « Cirier, Brisset, Dubuffet, Queneau… : quelques ortho-grapheurs aberrants » ;
— la Clarté française : ses principes illustrés à la lumière de nombreux exemples, suivi d’une Table des solécismes les plus fréquents accompagnés de leurs solutions ;
— « Le classement alphabétique des listes de titres. Une approche rationnelle et originale » ;
— De la norme : qui décide ? De l’Académie à la rue ;
— De la phantaizy dans la grafy ;
— « De la règle des capitales et du bon usage de l’italique dans le traitement typographique des titres » ;
— Des particularités maison en usage à l’Imprimerie nationale ;
— Des tolérances orthographiques ;
— le DHOF (pour Dictionnaire historique de l’ortho-graphe française) ;
 le Dictionnaire des pièges, des difficultés et des plus ou moins heureuses subtilités de la langue française ;
— Dis-moi comment tu orthographies, je te dirai qui tu es ;
— « “Emplois critiqués” et “emplois critiquables” : des contradictions entre les différents dictionnaires d’usage courant » ;
— la Grammaire des fautes ;
— la Grammaire telle que l’on tenta de me l’expliquer, & Celle que vous comprendrez ;
— le Grand — ou, à défaut, le Petit — Robert ;
— Initiation à la préparation de copie et à la correction des épreuves ;
— l’Instruction pour diviser les mots à la fin des lignes à l’usage des dyslexiques se destinant à la composition typo-graphique ;
— Liaisons & Élisions
           le Littré (& le Fontanier) ;
— Manuel de morphologie du français ;
— Objectif : zéro faute ;
   « Orthographe d’usage ou orthographe des règles ? » ;
Orthotypographia. Traité nécessaire pour ceux qui vont corriger des livres imprimés & Conseils à ceux qui vont les publier ;
— Pataquès et Chausse-tra(p)pes ;
— le PLi (Petit Larousse illustré) ;
— Phonétique et phonologie : une distinction ;
— les « Rapports sur les rectifications de l’orthographe française — quelques recommandations » ;
— « La réalisation de l’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir. De l’influence de quelques variables linguistiques et sociales » ;
— le Roman de l’orthographe. Au paradis des mots avant la faute (1150-1694) ;
— le « Thomas », évidemment ;
— Toute l’orthographe pratique (TOP) ;
— le Tut (ou le Traité des usages typographiques) ;
— Un correcteur fou à l’Imprimerie royale ;
— Un point, c’est tout ! La ponctuation expressive ;
— Vive l’aurtograf ! ;
— la Vraie Horthographe rendue phacylle ;

… ainsi que les comptes rendus et annales des diverses commissions officielles de lexicographie et de lexicologie françaises.

jeudi 20 mars 2014

revue


Miss Baker semble être venue aux Folies Bergère après avoir participé à un spectacle nègre qui avait déclenché une tempête à Paris. Quand les girls y étaient apparues « telles que » et avaient « secoué la chose », les bons Parisiens (qui plus que tout peuple sur terre peuvent se montrer respectables) objectèrent, et si fortement, que les girls furent obligées de revêtir une respectable semi-nudité. C’est du moins ce qu’on raconte. Toujours est-il que Miss Baker s’échappa aux Folies Bergère. Et là, votre humble serviteur peut en témoigner, il n’est rien qui soit le moins du monde respectable, semi-nu, ou autrement insatisfaisant dans la tenue de Miss Baker — qui consiste en quelques bananes et nul autre bijou. Bref, les Folies Bergère ont permis à Joséphine Baker d’apparaître — pour la première fois sur scène — telle qu’elle est.
[…] Aux Folies Bergère, la revue fait usage d’idées, odeurs, couleurs, Irving Berlin, nus, tactilités, escaliers escamotables, trois dimensions, feux d’artifice, pour intensifier Mlle Joséphine Baker.

E. E. Cummings, « VIVE LA FOLIE ! », Vanity Fair, sept. 1926
in Paris, Seghers, « Poésie d’abord », éd. bilingue, traduit et présenté par Jacques Demarcq, 2014, 160 p.


dimanche 9 mars 2014

« Ça demande un minimum d’assemblage. »



Lire une phrase après l’autre — chacune séparée de la suivante par deux lignes de blanc —, lire une phrase sur deux, lire une phrase sur trois… entendre 5 sur 5, revenir de huit pas en arrière… enjamber sept pages… enchaîner chaque avant-dernier fragment de page…

« Y’a de la reverb’ » — calculée ou pas, redoutée ou recherchée —, comme on le dit dans le domaine du son, de l’acoustique (repérez-vous aux oreilles, en chair et en corne, ou en creux), voire celui de la musique — soit des échos, ondes, reflets, bonds et rebonds, appels et rappels (marabouts’de ficelle), des correspondances, des dérivations, des accrocs.

Suivre ou non les consignes, les conseils ; détecter les mises en garde et les mises en boîte (« exercice du CE1 : entoure les verbes dans un encadré ») et en abyme.

Prouver s’il en était besoin qu’une phrase simple au sens grammatical (« une phrase simple ne contient qu’un seul verbe conjugué » — aussitôt : quand et pourquoi un verbe est-il considéré comme conjugué ? venant à l’esprit) peut s’avérer éminemment complexe.

Bref, inventez vous-même votre parcours, faites vous-même votre expérience, aventurez-vous (« c’est pour mieux sauter mon enfant »)…


Tissage est l’une des mamelles. (p. 27)

Au commencement est le verbe. (29)

Se succèdent à un rythme. (31)

Le décalage est la seconde mamelle. (34)

Combien y en a-t-il au total ? (35)

Le verbe est au commencement. (49)

Certaines phrases passent plus difficilement. (70)

Par conséquent, il est primordial d’apprécier les intervalles. (73)

Entre deux lignes serait une façon de dire. (103)


Livre exigeant. Exigeant quoi ? Votre libre lecture — propre, instable, improvisée, accidentée, déstabilisante, originale ; toutes qualités issues de quel free jazz ?…

« Écrire [et lire, par la même occas’], semble nous dire Bruno Fern, consiste à briser les pléonasmes qui nous aliènent, à contrarier les liaisons convenues qui nous piègent, à permettre à notre pensée, enfin, de ne jamais, plus jamais s’arrêter », proposa il y a peu (sitaudis) Alain Frontier…

______________________
rencontre avec Bruno Fern
pour la publication de reverbs (phrases simples)
[Nous, 2004, 144 p., 14 €]
ce jeudi 13 mars à 19h30
librairie Texture — 94, avenue Jean-Jaurès, à Paris, XIXe arr.



vendredi 7 mars 2014

hauts ciels de Lucien Suel



Ambulant panthéon

Jack Kerouac trace le chemin.
Neal Cassady change de voiture en roulant.
Ken Kesey souffle dans l’alkool-aid test.
Blaise Cendrars peut encore faire de l’auto-stop.
Bashô consomme trois litres de thé aux cent kilomètres.
Benoît-Joseph Labre boucle son chapelet de sécurité.
Germain Nouveau fait la manche au péage sur l’A7.
Arthur Rimbaud conduit en état d’ivresse.

(page 119)
in
Lucien Suel
JE
SUIS
DEBOUT

« Je suis debout devant le vieux terril dans l’air humide d’une matinée d’automne. Je m’ouvre à son histoire. »

Recueil de liberté libre : alexandrins trouvés (« Caisse primaire d’assurance maladie »), vers justifiés [ô combien...], hommages, justes reconnaissances, jouissives réécritures piratées d’Arthur, Béatitudes nouvelles, Maximes du trou (« Aux sept trous naturels du corps humain, les stigmatisés comme saint François d’Assise, le Padre Pio, Thérèse Neumann ou Marthe Robin en ajoutent cinq autres »), recettes de soupes et retours au jardin, souvenirs des Flandres et flashes de l’Artois, collages, calligrammes, pop, be-bop & modern jazz, bestiaires (« hareng yin & hareng yang, orignal de Montréal, loup-garou tout partout »), Défense de la forme interro-négative (« Ne devrait-on pas, à cause de leur nom, obliger les pestiférés à toujours se déplacer par le train ? ») & haïkus ; fervents et fermes ferments.

« Voici les poètes rares et leurs visions sioux. »
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Lucien Suel, Je suis debout
La Table Ronde, 2014, 152 p., 16 €

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Que l’on accompagnera — ou pas — du tout premier roman de Lucien Suel, 
dévoyant le recueil de poésie de Rémy de Gourmont, Le Latin mystique (1892). Cette exhumation, empreinte de l'esprit fin-de-siècle ou décadent, où l’on retrouve fantasmes sexuels, symbolisme, pratiques religieuses sectaires, paradis artificiels, pulsions mortifères et complaisances existentielles — qui est aussi un « mix(te) » des aventures violentes du détective Mike Hammer, créé par Mickey Spillane, et des lettres à son père par la sœur carmélite Thérèse de Jésus —, embarque le lecteur dans un tourbillon de délires hallucinogènes…

[ texte à peu près de l’éditeur ]
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Lucien Suel, Le Lapin mystique, roman circulaire
La Contre Allée, Lille, 2014, 96 p., 8,5 €




mercredi 5 mars 2014

FRONT POPULAIRE DANS LA RUE


par Georges Bataille

Le régime démocratique qui se débat dans des contradictions mortelles ne pourra pas être sauvé. Ce qui domine la situation actuelle, en France, c’est que la succession du régime est ouverte.

Le Front Populaire, sous sa forme actuelle, n’est pas et ne se donne pas comme une force organisée en vue de la prise du pouvoir révolutionnaire. Il doit donc être transformé, en libérant le mouvement interne qui l’anime dans la rue, en Front Populaire de Combat.

Nous disons, nous, que cela suppose un renouvellement des formes politiques, renouvellement inévitable dans les circonstances actuelles où il semble que toutes les forces révolutionnaires soient appelées à se fondre dans un creuset incandescent.

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