jeudi 24 novembre 2022

double vue

 

Guillaume Pô


   Cette « perception subite du vrai », l’érotisme des grenouilles manifesté dans la langue, est ce qui provoque cette perplexité tant recherchée par Duchamp.
   L’érotisme n’est-il pas ce qui fait surgir l’autre autre ? Et, surtout, ce qui fait se révéler soi-même autre, bovaryque, double d’une image auparavant insoupçonnée dans une société qui négocie péniblement avec les apparences.
   De l’érotisme, Marcel Duchamp affirme qu’il est dans son œuvre « énorme, visible [qui peut être perçu], ou voyant [qui attire le regard/visionnaire ?], ou en tout cas sous-jacent ». Chaque adjectif compte : Duchamp et Rrose Sélavy ne se soucient-ils pas constamment d’optique de précision ?
   Et le regardeur, itou.

  

Marc Décimo

Étant donné Marcel Duchamp, Palimpseste d’une œuvre

Les Presses du réel, 2022 (p. 41-42)


https://www.sitaudis.fr/Parutions/marc-decimo-etant-donne-marcel-duchamp-1668919357.php

 


lundi 21 novembre 2022

En lisant, en corrigeant...

 


 *   *   *

Sylvain Bourmeau interroge Georges Didi-Huberman pour la série « Dans la bibliothèque de… »
AOC, samedi 19 novembre 2022, première question

ligne 3 (réponse) : au lieu de l’abbé Barbeau, lire Aby Warburg ;
ligne 5 : au lieu de Barbeau, lire Warburg.

 

dimanche 13 novembre 2022

Bla-bla-bla-vier

 
— illustr. jaquette : Roland Topor —

Car pénitençais caractère semibru ; quoique croyant, plus ou moins, dormitive chuchette d’une — bisiècle avant —  trève Seigneur, savais comment toujours traita mère, agit parents de son mari — n, u, nu connue ; — n’était sans ignorer que Haine m’acharnait depuis vingt-cinq ans, ne faisait que sommeiller coqueluche, deux plumeaux, et n’avait désarmé. Retins donc départ pendant plus d’un an. Epoque mémoirable. CAROTIDE, concert votre accersiteur, aquêta terrain, y bâtit sa Villa fatale, avec Dollars de M. QUAVIN, bedonnant impetigo…mane, pathe ou ïste, ouïstiti Cirque sûr capitot, à Ratinez, intentionné qu’il était de l’approprier surtout à nos infirmités. Toutes rampes d’escaliers, entr’autres, sont côté gauche parce que ne sais servir de dextrochère.
Avant de trueller première Boom, vint enquérir — car vaquelotté expressément Courtrai pour dérouler planisphères, — si voulions construisît, fond jardin, retiro-bien où susurrerions chicorées séparément, vel adosserait Caisses Bâtiment principal. Tortillai que, économie — fa-si grelotte BENOItement, Sarlesques funamb…daines, Maître Philistin en diaphane Tauride, — zuinigheid, dinguedondonne clarine tympanné clitoris, — mieux valait s’agencer persolvence communarde et que, conséquent, habitat aussi, promiscu
.

Jacques Lambrecht
Jugulaire. Wellingtonienne en vingt-deux épigées 
(Courtrai), impr. Verbeke-Loys, 1902, in-4, 167 p.

in Les Fous littéraires, André Blavier, Henri Veyrier éd., collection « Le rappel au désordre », 1982, p. 836-837, section « Romanciers et poètes »

« L’un des plus somptueux exemples de notre bibliothèque », commente André Blavier. « Chaque page est encadrée d’un filet de couleur. Hollande filigrané, parfois quatre couleurs par page pour l’impression. Une publicité d’époque pour un corset apparaît deux fois, dont une à l’envers… Couverture doublée de parchemin. Une sorcière à poil, sauf le hennin, à cheval sur son balai, en vignettes appliquées… On voudrait tout citer de ce livre extraordinaire. […] »



dimanche 6 novembre 2022

C’est mon dada...

 
Mieux ! allons au bout, Monsieur, et osons le mot : les plus grands sages de tous les siècles, Salomon lui-même ne faisant pas ici exception, n’ont-ils pas eu leurs DADAS, leurs TURLUTAINES, leurs califourchons ? –––––––– Qui d’entre eux n’a eu son cheval-jupon préféré, son joujou favori, sa passion dominante, sa folie douce, sa naïve toquade : chevaux de course, collections de monnaies, de médailles, de jetons, de coquillages… ? Qui n’a caracolé sur un bâton, battu tambour ou soufflé dans une trompette ? Qui ne s’est entiché de quelque niaiserie, encoiffé de quelque puérile marotte, qui, à ses heures, n’a raclé du crincrin ou barbouillé la toile, –––––––– qui n’a entassé colifichets et babioles, collectionné chenilles et papillons, suivi son ver-coquin ? qui ne s’est jamais trouvé sous l’empire de quelque lubie rampante ou de quelque manie butinante et frivole ? –––––––– Aussi longtemps qu’un homme califourchonne paisiblement et discrètement son DADA ou sa TURLUTAINE adorée en suivant proprement le tracé de la grand-route et ne nous force, ni vous ni moi, à monter en croupe derrière lui, –––––––– en quoi diantre, Monsieur, je vous prie, est-ce que cela nous regarde ? 
 
Laurence Sterne, La Vie et les Opinions de Tristram Shandy, gentilhomme, volume I, chap. VII, traduction de l’anglais par Guy Jouvet, éditions Tristram