Les lettres sont-elles un moyen de réconcilier l’écriture avec son état de nature ? D’autre part, au sujet de la culture considérée comme ensemble de connaissances ou mode de transmission des arts et des lettres, je pourrais dire que si j’admire de nombreux écrivains et artistes, je ne souscris néanmoins pas à une logique de l’érudition et je ne reconnais pas l’autorité du savoir ni de l’instruction. Je m’exerce à réfuter l’imposture communicationnelle ainsi que le pouvoir d’intimidation (le spectacle, la prétention) de la culture sociale, celle dénoncée par Jean Dubuffet qui, à mes yeux, exprime un décalage exemplaire. Puis-je m’appuyer sur un processus instable et unique qui tenterait d’inventer un nouveau langage ? Puis-je invoquer la force de l’étonnement ou de l’inattendu au moyen d’une remise en question radicale de l’écriture ? Mon activité se fonde sur un écart qui révoque la rhétorique et les discours paralysants afin d’exalter la force asociale ou intuitive de l’alphabet et de ses possibilités. Est-il aujourd’hui plus important d’être surpris, interloqué, troublé, par des textes de créations plutôt que rassuré par des commentaires, explications, argumentations ou analyses ?
Philippe Jaffeux
Ecrit parlé
« entretien avec Béatrice Machet »
Passage d’encres
2016, 40 p., 5 €
(p. 34-35)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire