[…] Il me semble que, si tu t’efforçais toi-même de faire tomber un voile de rêverie un peu paresseuse qui te recouvre et quelquefois te cache, si tu étais un peu plus difficile sur l’emploi de ton temps, si tu te convainquais que tu ne dois te consacrer à rien qu’à ce qui élève l’esprit et l’âme (je veux dire un peu plus de lectures choisies, de visites attentives de musées, un peu moins de cinéma et de déambulation au hasard), tu t’apercevrais très vite que tu es beaucoup plus riche de moyens que tu ne te connais et tu serais aussi beaucoup plus heureuse. […]
Lettre d’André Breton à Aube, sa fille, 8 juin 1952
2 commentaires:
Merci pour ce rappel, Monsieuye !
Bel écho, à l'heure dite (1952), à la lettre qu'il lui avait adressée (à Écusette de Noireuil) en 1937, et qui clôt L'amour fou par cette splendeur : "Je vous souhaite d'être follement aimée", destinée à n'être ouverte qu'en 1952.
Mais où donc avez-vous dégotté cette beauté ?
Cependant, un détail me titille curieusement. C'est ce passage : "un peu moins de cinéma et de déambulation au hasard…"
Breton tombé dingue du Peter Ibbetson de Hathaway, à la suite d'Éluard, mépriserait le cinéma ?
Mais surtout, lui qui prisait tant le hasard objectif et les déambulations, déconseiller cela à sa fille !
Pourquoi donc ?
Cher G. WF W.
C’est évidemment et précisément pour cette mention qui nous titille (curieusement) — « un peu moins de cinéma et de déambulation au hasard » — que j’ai voulu donner cet extrait…
— Un effet de la paternité ?…
in André Breton, Lettres à Aube, Gallimard, 2009
Merci de votre attention des plus réjouissantes…
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