jeudi 11 mai 2023

allophones

 


Quelle aigreur encore chez ces étrangères lorsque, à certains détails, elles s’aperçoivent qu’elles ne sont pas encore tout à fait « de la famille » ! Il faut dire que les Japonais ont un talent pour vous le faire sentir ! On dit alors : le dialogue n’est pas possible. Autre méfait, ce mot « dialogue ». À son frère qu’on aime, on a si peu à dire ! Par manque d’antennes, par manque d’élan. Et l’on ira au Japon, c’est-à-dire sur la lune, avec un vocabulaire insuffisant et des interlocuteurs qui sont, comme vous et moi, médiocres deux jours sur trois, et l’on voudrait que le « dialogue passe » ? Ce serait souhaitable, je ne dis pas. Comme me le confiait un ami japonais, un soir qu’il avait bu, et avant d’y retomber : « Le silence est impossible. » Mais il faut commencer par connaître et mesurer ce qui nous enchaîne au silence.

 

Nicolas Bouvier

Le Vide et le Plein. Carnet du Japon 1964-1970

« Tokyo, la petite chronique »


1 commentaire:

George WF Weaver a dit…

L'un, veule, est l'Œdipe ?