mercredi 15 décembre 2010

beh... beehh... beeehhh…



L’assistance fit alors éclater en chœur un chant profond, rythmé et lent : B-B !… B-B !… B-B !… — encore et encore, très lentement, avec une longue pause entre le premier « B » et le second. C’était un lourd murmure sonore, curieusement sauvage, derrière lequel semblaient retentir un bruit de pieds nus et un battement de tam-tams. Le chant dura peut-être trente secondes. C’est un refrain que l’on entendait souvent aux moments d’irrésistible émotion. C’était en partie une sorte d’hymne à la sagesse et à la majesté de Big Brother, mais c’était, plus encore, un acte d’hypnose personnelle, un étouffement délibéré de la conscience par le rythme.

1984, George Orwell
(traduit de l’anglais par Amélie Audiberti, 1950)

2 commentaires:

Le Tenancier a dit…

Ô Tenancier de céans, je préfère mon bê ! bê ! qui n'est point d'Alger et qui nous altère.

Am Lepiq (monsieuye) a dit…

OK :

A chacun ses B

(& les moutons seront bien gardés)