« Il y a, cependant, un détail qui prouve de la façon la plus absolue que le document est soumis à la loi d’un nombre.
— Et c’est ?… demanda Manoel.
— C’est, ou plutôt ce sont trois h que nous voyons juxtaposés à deux places différentes ! »
Ce que disait le juge Jarriquez était vrai et de nature à attirer l’attention. D’une part, les 204e, 205e et 206e lettres de l’alinéa ; de l’autre, les 258e, 259e et 260e lettres étaient des h placés consécutivement. De là, cette particularité qui n’avait pas d’abord frappé le magistrat.
« Et cela prouve ?… demanda Manoel, sans deviner quelle déduction il devait tirer de cet assemblage.
— Cela prouve tout simplement, jeune homme, que le document repose sur la loi d’un nombre ! Cela démontre a priori que chaque lettre est modifiée en vertu des chiffres de ce nombre et suivant la place qu’ils occupent !
— Et pourquoi donc ?
— Parce que dans aucune langue il n’y a de mots qui comportent le triplement de la même lettre ! »
Manoel fut frappé de l’argument ; il y réfléchit et, en somme, n’y trouvera rien à répondre.
Jules Verne, la Jangada. Huit cents lieues sur l’Amazone (1881)
« Où il est question de chiffres » (deuxième partie, chap. XIII)