A bon château bon râteau
Fait un tapis ras tissé
Ce sera demain Dimanche
Tout en récitant l’Ave
Ce râteau sourit aux anges
Mais on ne l’a pas lavé
Et ses dents ne sont pas blanches
(... & prends-en de la graine)
A bon château bon râteau
Fait un tapis ras tissé
Ce sera demain Dimanche
Tout en récitant l’Ave
Ce râteau sourit aux anges
Mais on ne l’a pas lavé
Et ses dents ne sont pas blanches
(... & prends-en de la graine)
Engravé au primaschiste des écroules,
Geyse dans les fabules remémores,
Paléo, paléo Antélopicus des Milmilaires !
Qual fiérallant vecta cottécaille !
Vigorance de ta têtangule en fonçaflèche !
Frémillance d’orguille àton nervocodal !
Tes pharazieux enfascinaient les maragrouilles.
Des myrielles d’animaculs s’emproissaient dans ta magnétise.
Cétètoi la majœuvre de la Créate,
Paléo, paléo Antélopicus des Milmilaires !
T’avais la certe de tiendrentoi la réalise de la Perfecte Absole.
Teussavaispas qu’en succède àton existe, la chaînatisse de l’Évolucosme s’encaminerait danleu mieuzencor du plusavant.
Povéra vanite d’un monstruosus, empireur des océaniques en hun peutitemps queucèrien dans les géosoraires !
Éjordhui, tè plucune traçure d’ombrune dans l’éternabsence !
Paléo, paléo Antélopicus des Milmilaires !
André Martel, Œuvre paralloïdre
Textes réunis et présentés par Brice Liaud
Illustration de couverture : Benoît Jacques
On verra bien (Limoges), 2025, 428 p., 22 €
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« Antélopicus », in Le Mirivis des Naturgies (1963) [p. 168]
La bête, c’est Clara, d’origine indienne, exhibée dans les capitales européennes de 1746 à 1758, mentionnée deux fois par Casanova dans ses Mémoires, et sa corne, sciée, est exhibée par son « propriétaire », qui manie aussi le fouet.
Le Rhinocéros, Pietro Longhi, huile sur toile, 1751
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« Je tourne le dos à leur feinte hilarité et franchis une porte par laquelle je suis certaine d’être déjà passée, mais pour me retrouver dans une pièce que je n’ai pas encore visitée – on dirait une salle de jeux. La musique est beaucoup plus forte ici, mais sa source demeure aussi mystérieuse que jamais. Les gens s’adonnent à des mimes et à des parties de strip-poker, jettent des balles de ping-pong dans ce qui ressemble à un stupide concours de boissons, jouent au billard avec des queues tordues. Le jeu de l’âne a troqué l’appendice caudal pour des yeux en papier qu’il faut épingler à des fesses nues. Ça hurle de partout, les rires sont odieux, un épais voile de fumée maléfique. Je hais cette soirée, me sent violée par elle. Je ne souhaite qu’une chose : rentrer chez moi ! »
Mascarade, Robert Coover
traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphane Vanderhaeghe
Quidam éditeur, 2025, 180 p. [p. 77]
Le Nouvel Obs, 2 janvier, repris dans le Monde des livres, « Spécial Festival international de la bande dessinée, Angoulême », vendredi 24 janvier
« Comme il faisait une chaleur de quarante-quatre degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument liquéfié. »
« Il y a, cependant, un détail qui prouve de la façon la plus absolue que le document est soumis à la loi d’un nombre.
— Et c’est ?… demanda Manoel.
— C’est, ou plutôt ce sont trois h que nous voyons juxtaposés à deux places différentes ! »
Ce que disait le juge Jarriquez était vrai et de nature à attirer l’attention. D’une part, les 204e, 205e et 206e lettres de l’alinéa ; de l’autre, les 258e, 259e et 260e lettres étaient des h placés consécutivement. De là, cette particularité qui n’avait pas d’abord frappé le magistrat.
« Et cela prouve ?… demanda Manoel, sans deviner quelle déduction il devait tirer de cet assemblage.
— Cela prouve tout simplement, jeune homme, que le document repose sur la loi d’un nombre ! Cela démontre a priori que chaque lettre est modifiée en vertu des chiffres de ce nombre et suivant la place qu’ils occupent !
— Et pourquoi donc ?
— Parce que dans aucune langue il n’y a de mots qui comportent le triplement de la même lettre ! »
Manoel fut frappé de l’argument ; il y réfléchit et, en somme, n’y trouvera rien à répondre.
Jules Verne, la Jangada. Huit cents lieues sur l’Amazone (1881)
« Où il est question de chiffres » (deuxième partie, chap. XIII)
À Agen, à jeun, un agent, Jean A, a geint.
A., Jean, agent, a geint à jeun à Giens.
Écoutez. Je sais bien que je ne sais pas penser. Je suis poète. Mais je ne sais pas penser. On ne m’a jamais appris. On me taquine toujours là-dessus. Quand j’entends mes amis tenir des discussions philosophiques, je voudrais bien m’y mettre aussi, mais ça va trop vite pour moi. Ils me disent de lire Platon, les Oupanichad, Kierkegaard, Spinoza, Hegel, Benjamin Fondane, le Tao, Karl Marx et même la Bible. J’ai bien essayé de lire tout cela, sauf la Bible, parce que là, je crois bien qu’ils se fichent de moi. C’est très clair le temps que je lis, mais après j’oublie, ou bien je ne sais pas en parler, ou bien je trouve des idées contradictoires entre lesquelles je ne sais pas choisir, enfin ça ne fonctionne pas.
René Daumal
La Grande Beuverie
Allia (p. 46)
119. Les résultats de la philosophie consistent dans la découverte d’un quelconque simple non-sens, et dans les bosses que l’entendement s’est faites en se cognant contre les limites du langage. Ce sont ces bosses qui nous font reconnaître la valeur de cette découverte.
[…]
121. On pourrait penser que, si la philosophie parle de l’emploi du mot « philosophie », il doit y avoir une philosophie du deuxième ordre. Mais il n’en est pas ainsi. Le cas de la philosophie est analogue à celui de l’orthographe qui traite aussi du mot « orthographe », mais sans pour autant être une orthographe du deuxième ordre.
[…]
123. Un problème philosophique est de la forme : « Je ne m’y retrouve pas. »
Ludwig Wittgenstein
Recherches philosophiques (Philosophische Untersuchungen)
Traduit de l’allemand par Françoise Dastur, Maurice Élie, Jean-Luc Gautero, Dominique Janicaud, Élisabeth Rigal
NRF Gallimard, « Bibliothèque de philosophie », 2004
(p. 86-87)