Je m’étais toujours senti de l’aversion pour mon malheureux nom de famille, si inélégant, et pour mon prénom, si trivial, sinon tout à fait plébéien. Ces syllabes étaient un poison pour mes oreilles ; et quand, le jour même de mon arrivée, un second William Wilson se présenta dans l’école, je lui en voulus de porter ce nom, et je me dégoûtai doublement du nom parce qu’un étranger le portait, — un étranger qui serait cause que je l’entendrais prononcer deux fois plus souvent, — qui serait constamment en ma présence, et dont les affaires, dans le train-train ordinaire des choses de collège, seraient souvent et inévitablement, en raison de cette détestable coïncidence, confondues avec les miennes.
Edgar Allan Poe, « William Wilson »,
Nouvelles Histoires extraordinaires (traduction de Charles Baudelaire)
1 commentaire:
Rien de plus incognito dans le monde internet qu’un nom banal. J’en sais quelque chose. Pour garder cet avantage, je ne mets jamais de photo. On croit vous reconnaitre, ce n’est pas vous. On vous cherche dans la multitude, on n’est jamais sûr de vous avoir trouvé. Il y a peu, je croise quelqu’une qui avait vu mon avis de décès et me voilà ressuscité. Moi-même je doute parfois de mon existence.
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